"Les copains d'aboord" de Georges Brassens (1960).
Les Copains d'Abord interprété par André Dussolier, Audrey Tautou, Catherine Frot, François Berléand, François Morel, Guillaume Gallienne, Jean-Pierre Darroussin, Julie Depardieu, Karin Viard, Léa Drucker, Lionel Abelanski, Michel Bouquet, Michel Fau, Pierre Richard, Roger Dumas, Valérie Bonneton.
Fim Les copains d’Yves Robert (1965)
avec Marie-Christine Barrault, Jacques Balutin, Guy Bedos, Barbara Brand, Tsilla Chelton, Darry Cowl, Michaël Lonsdale, Jean Lefebvre, Micheline Luccioni, Christin Marin, Pierre Mondy, Philippe Noiret, Claude Piéplu, Claude Rich, Catherine Rouvel…
Synopsis :
Sept inséparables décident de prendre quelques jours de vacances pour mettre au point trois énormes canulars destinés à bafouer les corps constitués : l'armée, l'église et l'administration... Ils jettent leur dévolu de manière presque arbitraire sur deux paisibles sous-préfectures du Puy-de-Dôme en Auvergne : Ambert et Issoire, car celles-ci les lorgnaient d'un mauvais œil sur une carte de France.
Broudier, déguisé en ministre, débarque à la caserne d'Ambert et fait déclencher une manœuvre nocturne. Le lendemain, Bénin, habillé en révérend père, prononce dans l'église d'Ambert un sermon contraire aux préceptes de l'Église, tandis que Lesueur, un peu plus tard dans la journée, perturbe l'inauguration par le député d'une (fausse) statue de Vercingétorix à Issoire. Pour clore les vacances, la joyeuse bande de copains décide de teindre en rose la source de la Seine…
Le film d’Yves Robert, comme la chanson de Brassens ont la même source d’inspiration (même si l’air de Brassens a bien sûr une portée bien plus universelle) : le roman éponyme de Jules Romains, Les copains (1913).Jules Romains, natif de Haute-Loire (43), publia son roman Les copains en 1913, donc juste avant la catastrophe de la 1ère Guerre mondiale. Il avait 28 ans, donc venait de sortir depuis peu du sérail de la rue d’Ulm, où il avait étudié la philosophie et la psychologie. A l’époque, il travaillait sur la vision rétinienne dans l’entourage de Pierre Janet (rival français de Freud), et Théodule Ribot (père de la psychologie expérimentale).
Les copains raconte un canular de normaliens assez agressif, perpétré contre les autorités publiques, dans deux sous-préfectures du Puy-de-Dôme (63) : Ambert et Issoire.
C’est un exemple typique de canular, comme il y en eut des centaines, certains énormes, tous destinés à démasquer la vanité des fausses sciences ou l’hypocrisie des pouvoirs publics.
Le plus célèbre de tous est le canular « Bourbaki » qui promut devant la science officielle Nicolas Bourbaki, mathématicien imaginaire, professeur dans un pays fictif, la « Poldévie ».
Ce canular inaugura la formation en 1935 du groupe éponyme au village de Besse-en-Chandesse (Puy-de-Dôme). Comme on sait, c’est le groupe Bourbaki qui refonda l’ensemble des mathématiques pure, en fondant la théorie g1905-1979)générale des ensembles. Parmi les fondateurs : Henri Cartan (1904-2008, Académie des sciences, Royal Society), Charles Ehresmann (1905-1979), Szolem Mandelbrojt (1899-1983, oncle de Benoît Mandelbrot, pataphysicien, fondateur de la géométrie fractale), René de Possel (1905-1974, Académie des sciences), André Weil frère de Simone (1906-1998, Académie des sciences, Royal Society).
Le philosophe et résistant Jean Cavaillès fut toute sa vie lié à l’activité du groupe Bourbaki, comme ses proches amis Georges Canguilhem, Jean-Toussaint Desanti, Albert Lautman et Jules Vuillemin,
Le roman de Jules Romains peut se lire comme le manifeste de cette tradition des canulars normaliens, à son apogée sous la III° République, laquelle culmine à coup sûr avec l’oeuvre d’Alfred Jarry, puis sa reprise par Dada et le mouvement surréaliste.
X p