Samedi 10 mai 2014

Treizième séance de l'année 2013 - 2014.

Première partie : Programme de l'année prochaine : "Sentir à distance" (empathie, expression empathique, pressentiments, sympathie, communauté et solidarité, l'idée de révolution). Pour une théorie générale de l'esprit, notion oubliée, ou du moins occultée, depuis plusieurs siècles. Une définition simple de la magie : la puissance de miracle. A distinguer des ambiguïtés de la religion, laquelle requiert la magie, mais prétend l'exclure en même temps, comme elle replie la puissance sur le pouvoir. Sens premier de la tolérance : accueillir en soi de la folie de l'autre, en même temps la tenir en respect, aux deux sens du terme. Désir et vérité, désir de vérité. Retour sur Rilke: "Notes sur la mélodie des choses" (1898).

Deuxième partie : Le chœur antique et les marionnettes. C'est le choeur, soit la communauté civique, qui dit la vérité tragique, inaccessible aux seuls personnages. Empathie et pratiques de la dissociation personnelle, pratique des hétéronymes comme exercice spirituel. Chez Hume : une pensée dialogique, intégralement polyphonique. Voir "Les quatre philosophes" (1742) et les Dialogues sur la religion naturelle (posthume, 1779). Les hétéronymes de Fernando Pessoa : "Je ne suis personne". Voir la lettre autobiographique : "Sur les hétéronymes" (1935). 1. Lecture du "Gardien de troupeaux" (Alberto Caeiro, le "paganisme en personne", le "maître" prototypique, celui de l'expression absolument pure). 2. Lecture du "Livre de l'intranquillité" (Bernardo Soares, hétéronyme mélancolique) : "Je me suis créé écho et abime, en pensant". Entre extase et ironie, une version contemporaine du sublime. Sur le sublime, comme puissance d'écho, voir à nouveau Longin ("le sublime est l'écho de la grandeur d'âme"). Sur Longin, cf. Michel Deguy : "Le grand dire" (in : Du sublime, 1988).

Troisième partie : Lecture d'Alvaro de Campos (le plus humain, le plus dissocié, le plus hystérique, le plus puissant de tous les hétéronymes) : "Bureau de tabac". Voir aussi "L'ode maritime".  Humisme profond de Pessoa : l'empathie, la cognition et l'intuition, supposent la fiction, tout la mise à distance de soi-même.

Quatrième partie : Simone Weil et l'idée de révolution spirituelle et sociale. Son étude des hérésies et communismes au moyen-âge : "L'inspiration occitane" (1942). Sa correspondance avec Joë Bousquet (1942). Bousquet : la blessure de guerre et la formation d'un corps auratique. Sens antique et païen de symboles devenus chrétiens : 1. la croix de Jérusalem : avant d'évoquer la prolifération infinie des croix, des martyres, du Golgotha partagé par toute vie, le buisson ardent de Moïse (Exode), ou le Temple de Salomon, cet objet fractal chiffre le labyrinthe dionysiaque, selon la formule d'Héraclite : "Dionysos = Hadès". Sur le dionysiaque, cf. E. De Martino : La terre du remords (1948) et Deleuze : "Mystère d'Ariane selon Nietzsche", "Pour en finir avec le jugement", "Nietzsche et Saint-Paul (n : Critique et clinique, 1993) ; 2. la croix huguenote est d'origine cathare et figure la colombe du Saint-Esprit, sous la croix de l'Etat libre de Toulouse. A l'origine, c'est une roue solaire ou un soleil rayonnant, qui chiffre les mouvements lumineux dans l'Esprit, l'éther ou le souffle du monde. Héritages cathares dans le midi français et Italie : politique républicaine du "parage" (honneur, éga-liberté), renaissance du lyrisme, "pur amour" et "libre-esprit". Dans les villes italiennes, Dante Alighieri est lui-même hérétique. "Vita nuova" et le dolce stil nuovo : une "joie qui jamais n'a de fin".

Cette séance est à mettre en lien avec les hétéronymes de Hume et ceux de Pessoa.
Croix de Jérusalem et croix huguenote. Pour l'origine de ces symboles, voir les stèles médiévales.

Croix de Jérusalem et croix huguenote.

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