Le texte de Federico García Lorca : "Jeu et théorie du Duende" écrit en 1933.
Le duende, que l'on pourrait traduire par "génie", "démon", trouve un terrain de superstitions dans la culture hispanique vivante des arts savants et populaires.
Dimension mystérieuse qui surgit comme une forme de quintessence subtile au carrefour d'un art porté à fusion de créativité et de technicité, le duende ne fait pas école et n'est reconnu qu'au travers le hic et nunc du prodige dont il se veut la fulgurance et au milieu des quelques témoins qui y participent.
Le poète Federico Garcia Lorca, alors procédant à une ethnologie du folklore populaire andalou s'empare de cette notion lors d'une conférence restée célèbre où il s'essaye à une définition subversive car impalpable de cet esprit intuitif de l'expérience artistique porté à incandescence inter-subjective sur le creuset rituel d'un éternel présent du geste magique.
Attisé dans le flamenco et la tauromachie, le duende traduit sa présence au diapason d'une transe dont le sceau rappelle que le fond de la mémoire est toujours neuf et se réactualise à la faveur d'un milieu magique au sens de Marcel Mauss.
"Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'Il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise, qu'Il brise les styles, qu'Il s'appuie sur la douleur humaine qui n'a pas de consolation."
NB : En écho à ce postage, le texte de Thibaut Rioult ci-joint qui porte sur l'esprit-souffle et le duende. Cette réflexion se constitue depuis une note de lecture du livre d'Elif Shafak, "Soufi, mon amour".